Le voyage, pris dans son acception d’évasion , a toujours été le moyen le plus sûr d’échapper à une réalité décevante, ici et maintenant. Cet ailleurs, « au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau » (Baudelaire) peut-il exister autrement que par le déplacement physique ? Peut-on y accéder par la lecture, par exemple ? Ceci est peut-être possible mais, comme dans toute expérience, il faut en exploiter les avantages et prendre garde aux inconvénients, la lecture pouvant être quelquefois une arme à double tranchant. Que peut nous proposer en effet la lecture ? Définissons d’abord ce que nous entendons par lecture. Les livres concernés par ce terme sont, bien entendu, ceux qui nous offrent la possibilité d’une évasion et non ceux qui nous donnent des connaissances scientifiques. Par leur imagination créatrice, un poète ou un écrivain peuvent nous transporter hors de l’espace et du temps, et c’est le principal avantage de ce voyage par rapport au voyage effectif. Ils abolissent donc les distances pour rejoindre par l’écriture des régions ensoleillées, naturelles, qui suscitent en nous la nostalgie d’un monde plus pur, plus élevé, à la hauteur de nos aspirations morales et artistiques. (Rappelons les romans d’aventure de Dumas et de Jules Verne qui nous font découvrir des pays lointains, leurs cultures et leurs civilisations). Quelquefois, une lecture peut nous amener à une prise de conscience, à une reconversion. En méditant ainsi sur la destinée humaine, l’écriture devient moyen de libération, voix de l’âme. À travers la lecture, nous essayons de déchiffrer les mystères de la création et de l’univers. Mais là où le danger guette, c’est dans la confusion que des lecteurs, insuffisamment avertis, peuvent faire entre la fiction et la réalité. Des êtres de faible personnalité, qui ne sont pas aptes à affronter le réel, peuvent se réfugier dans un univers romanesque , et par conséquent , falsifier leurs données vitales, bâtir leur existence sur du sable mouvant et finir par s’enliser. Il est vrai que Madame Bovary est un roman, mais il est très représentatif et il existe beaucoup plus d’Emma Bovary qu’on ne le pense. Si Machiavel et le Marquis de Sade sont entrés dans la langue par une large porte péjorative, c’est en raison de leur influence néfaste sur des esprits mal assurés. Il faut donc que la lecture soit surveillée et adaptée à ses besoins et à ses capacités. La lecture est finalement un excellent moyen de voyager dans l’espace et dans le temps. Encore faut-il éviter de voler trop haut de peur de se brûler (comme Icare) ou trop bas de peur de se briser. D’ailleurs, de nos jours, ce n’est plus vraiment dans la lecture que se trouve le danger, mais plutôt dans tous les moyens audiovisuels qui sont à la portée de tout le monde et qui présentent un monde fictif, d’apparence de loin plus réelle que celui imaginée par le lecteur. Classe de : S1
1 Comment
rihem harrabi
5/23/2022 10:04:41 pm
c'est une bonne histoire
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ՄԵՆՔՄեսրոպեան Վարժարանի Աշակերտներ Արխիւ
April 2015
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